vendredi, mai 13, 2011

Wah Wing CHAN: artiste montréalais de Macao

Wah Wing CHAN, Tom Wilder, Elizabeth Barbosa

Une petite salle insonorisée chez des artisans luthiers de la rue Rachel à Montréal. Au premier contact, Wah Wing Chan Chen Yong 陈华永)fait un peu timide. Réservé comme un Asiatique. Modeste même : pas de cartes d’affaires pour mousser sa carrière. Ses cheveux courts en brosse le rajeunissent. Moustache et poils au menton. Cinquantenaire, monsieur Chan paraît avoir 15 ans de moins. À côté de lui, arborant un grand sourire, une jeune femme dont les traits font nettement portugais. Montréalaise de naissance. Le verbe plus facile. Mais les deux personnes parlent le même langage : l’amour des arts.

Wah Wing Chan naît sur la rue San Ceng Lou (三层楼下街), dans le fascinant district historique de Ha Wan (Xiahuan 下环), à Macao. Maintenant, sans doute la rua do Barão, dans la paroisse de São Lourenço, non loin de la magnifique Pousada de São Tiago et du célèbre temble d’A-Ma. En 1972, ses parents décident de venir transplanter la famille de six à Montréal alors que le garçon n’est âgé que de 12 ans -- trop jeune pour emmagasiner beaucoup de souvenirs précis sur le placide comptoir portugais d’alors. En arrivant ici à l’école, la barrière de la langue le porte à dessiner plutôt qu’à parler avec les autres élèves. Personne  dans la famille ne le pousse vers le dessin, mais il garde en lui le souvenir de la calligraphie telle qu’apprise à Macao.

Pour cultiver ses talents, Wah Wing Chan s’initiera à la gravure au Collège John Abbot, puis il s’inscrira à l’Université Concordia pour non pas un seul, mais bien deux diplômes. En 1992, le premier baccalauréat en arts visuels (studio art) lui donne sa formation de base avec, entre autres, photographie et sculpture. Par la suite, en 1996, le B. A. en gravure (print making) le conduit à sa spécialisation actuelle.

Elle parle portugais à son fils

LusoPresse a interviewé Wah Wing Chan en plein quartier portugais. Sur Macao, il faut qu’il interroge ses parents pour en parler un tant soit peu. Il n’est retourné en Chine qu’en 1998. Mais pour sa dernière exposition, il a une arme secrète… portugaise nommée Elizabeth Dos Santos Barbosa. La directrice de la galerie Wilder & Davis est la fille d’immigrants portugais arrivés ici avec la toute première vague. Le père du village de Nogueira en 1957. La mère de Oleiros cinq and plus tard. Deux endroits situés près de Ponte de Barca.

Elizabeth Barbosa a aussi étudié à Concordia et reçu son B. A. en histoire de l’art sans toutefois y rencontrer celui qui se fait appeler Wing (Éternel) par les amis. Au sujet de la communauté portugaise, Elizabeth avoue ne pas être tellement branchée. Plus jeune, elle est toutefois allée régulièrement dans le Minho de ses parents. Voilà pourquoi elle parle très bien portugais. C’est la langue qu’elle parle avec son fils de 5 ans. Le papa est originaire de Lyon.

L’exposition d’une vingtaine de gravures format moyen de Wing a lieu dans les locaux du luthier Wilder & Davis (voisin de l’église Saint-Jean Baptiste). Vieil édifice chaleureux avec de hauts plafonds. Les nombreux violons exposés dans des cabinets vitrés me font penser au film Le Violon rouge de François Girard. En 1999, l’ex-Torontois Tom Wilder a laissé savoir à Elizabeth qu’elle pouvait y exposer des tableaux et c’est ainsi qu’elle est devenue directrice de la galerie du même nom. Tout à fait bénévole.  «J’ai toujours été attirée par les arts. Mes meilleurs amis sont un crayon et du papier», lance-t-elle en souriant.

Arts visuels et musique

L’éternel Wing m’explique qu’il pratique aussi son métier à l’Atelier Circulaire de la rue Gaspé à Montréal, dans le Mile-End (où il habite). Il a déjà des œuvres dans divers pays : Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Chine, Norvège, Pérou et États-Unis. Les créateurs qui l’influencent et qu’il aime? Les Américains Jackson Pollock et Sam Francis ainsi que la Suissesse Francine Simonin, établie au Québec depuis 1968.

«Je veux aller de l’avant et rejoindre un plus grand public», poursuit Wing. Il a un correspondant à Lisbonne pour un projet à l’étude. Comment caractériser ses tableaux noirs faits d’acrylique liquide sur du fin papier japonais washi? «Je suis attiré par l’abstrait. Je peins avec des pinceaux chinois.» Il y «expérimente une technique de son invention» et le produit fini devient «une forme… parfois proche de la calligraphie».

Intitulée «Noir sur noir», l’exposition du 257 Rachel Ouest est ouverte au public jusqu’au 8 juillet. Pour une image papier de bonne qualité d’un tableau de Wah Wing Chan, voyez la page 57 du dernier numéro de la revue La Scena Musicale. Cette excellente revue  a été cofondée (avec Philip Anson) par son frère Wah Keung Chan qui en est resté rédacteur en chef. Autre belle rencontre des arts visuels et de la musique. Sur l’exposition : www.galeriewilderdavis.wordpress.com

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Excellent article !
Wing expose quelques toiles avec deux autres artistes (Carlos Calado et Lise Vézina) utilisant la gravure et ses techniques. Variations en estampes. Le vernissage a lieu le mercredi 4 octobre à 18 heures au Centre culturel et sportif Regina Assumpta (1750, rue Sauriol Est). Vous êtes bienvenue.
EM.