lundi, mars 21, 2011

À Denver : 1 école, 4 langues (dont le chinois)


Dans ma démarche interculturelle aux États-Unis, la visite d’une école primaire multilingue très bien cotée a été un moment fort digne de mention. Nous avons passé quelques heures dans une institution où sont enseignées quatre langues : anglais, français, espagnol et chinois. Le nom de l’école : Denver Montclair International School (DMIS). Avec ma fille aînée, c’était une autre visite de reconnaissance afin de préparer l’inscription de ma petite fille. Dans le premier cas, ce fut une école Montessori dont je garde une très bonne impression. Dans le second cas, l’accent est mis sur les langues et l’«éducation multiculturelle».

Plutôt amusant, nous avons été reçus par la responsable des communications portant le nom très québécois de Paquette. L’épouse d’un Canadien originaire de Windsor puis de Detroit qui n’a toutefois jamais voyagé chez nous. Accompagnée d’une autre jeune femme, Mieke Bushhouse (Michigan), l’accueil est très chaleureux et on nous accorde un maximum de temps.

Shanghaiennes et Taiwanaises

Nous nous concentrons sur les classes de chinois. Dans un premier local, Mme Zhu Huizhu s’occupe d’un nombre très limité de marmots: à peine une demi-douzaine. Un petit blond qui n’a rien du pays de Confucius va en avant de la classe et à l’aide d’une longue règle, il nous lit plusieurs phrases écrites en caractères. Dix sur dix! Belle prestation! Je lui tends la main droite pour le féliciter à l’ancienne et il me répond à la moderne par un vigoureux high five sonore. Clac! Nos deux responsables éclatent de rire devant l’amusant et apparent conflit des générations. Sur les murs, plusieurs affiches en caractères (mais pas des dazibao). «Ils connaissant tous le pinyin», précise la patiente dame shanghaienne en parlant de ses élèves qui sont tous caucasiens. Je m’incline devant leur désir d’apprendre. La motivation des parents pour le mandarin? Malgré des frais de scolarité très élevés.

Dans le long corridor, nous croisons madame Feng, une Taiwanaise qui s’intéresse avec un grand sourire à notre petite fille aux cheveux clairs. Sofia est capable de parler mandarin et l’effet s’avère très positif sur l’institutrice. Les compliments sont de mise dans la culture chinoise, mais pour un enfant de 3 ans et demi, l’effort est quand même louable. Bien sûr, pour ma fille et moi qui avons vécu six ans à Taipei, il est facile de sympathiser avec cette volubile dame. Notre mandarin aide beaucoup. «J’aimerais bien que son mari connaisse plus de chinois après x années de mariage», me lance-t-elle en riant.

En poursuivant la visite dans les corridors, il est bien évident que nous sommes dans une institution quadrilingue. Par exemple, aucun problème à reconnaître les directives des enseignants et les répliques des plus jeunes dans la langue de Molière. Les noms des Françaises sont affichés à la porte des classes. «Nous avons des professeurs natifs de France et d’Espagne pour ces deux langues», nous précise Kate Paquette (Missouri) qui a elle même voyagé au Japon et en Thaïlande.

Un immense campus

Le campus de cette école privée de 350 élèves est immense. Une ancienne base de l’aviation américaine. Les espaces alloués aux sports et aux activités de plein air feraient l’envie de toute institution d’enseignement semblable en Asie. (Je pense en particulier à mon École Pak Kau à Hong Kong où j’ai enseigné pendant deux ans.) C’est en 1977 que cette école de Denver a été d’abord ouverte à l’intention de familles recherchant un enseignement en français. (Le nom Montclair provient d’une fusion avec une école de ce nom.) En 2003, le programme d’allemand a été remplacé par le chinois -- puis des liens établis avec les responsables de l’éducation en Chine.

La partie la plus visuelle de notre inspection a lieu dans une classe de beaux arts avec des jeunes de l’âge de notre Sofia. Une quinzaine de frimousses sont réunies autour d’une grande table basse et ils s’en donnent à cœur joie avec leurs pinceaux. LI Su est originaire du Hunan tandis que sa collègue Chang Tsui-chang est taiwanaise. Toutes deux s’affairent autour du jeune cercle d’artistes en herbe. Le tout en chinois. Ici, je vois que la moitié des petits sinophiles sont asiatiques. Au mur, une affiche sur le nom de animaux en chinois.

Madame Wang Yun se joint à nous et ma fille reconnaît illico cette responsable de l’école pour l’avoir croisée dans l’organisation locale du Festival des Bateaux Dragons. Même chose en fait pour Kate Paquette. Le monde est petit! On me fait signe que je peux prendre des photos, mais sans l’autorisation de les diffuser, ce qui est tout à fait normal.

Ambassadeur de l’école?

Dans la conversation, on nous raconte que la célébration des fêtes traditionnelles contribue à l’apprentissage des langues. (Aussi à McGill où j’ai commencé le chinois, une de nos premières activités dirigées par le prof. a consisté à aller manger avec des baguettes au quartier chinois.) Je vois donc entre les casiers des étudiants des références colorées au Nouvel An lunaire du Lapin. Le Mardi Gras fait aussi partie de la formation culturelle. Il y a aussi une séance d’origami parce que la DMIS se prépare à en expédier un millier au Japon en signe de solidarité avec les victimes du tsunami du 11 mars dernier.

Avant de terminer la visite dans cette miniréplique des Nations Unies où quatre langues coexistent de façon si concrète et si pacifique, je demande à pouvoir rapporter en souvenir un t-shirt de l’école. Mieke Bushhouse m’en fait cadeau : «à un ambassadeur de la DMIS»!

Je ne sais pas ce que je devrais faire pour bien remplir ce rôle mais, chose certaine, j’en repars plein d’admiration. Une école bilingue c’est bien, mais quadrilingue c’est quatre fois mieux… Les familles envoyant leurs enfants là ne le font pas pour conserver la langue des grands-parents, mais bien dans le but de s’ouvrir sur de nouvelles cultures. Global awareness, lit-on dans la page www.dmischool.com.
Autre bonne impression, il me semble bien que la pédagogie de cette école ne soit pas basée uniquement sur le par cœur, les examens et la «tête bien pleine». Mais avant d’aller plus loin dans mon appréciation, attendons que la petite Sofia y fasse officiellement son entrée. Histoire à long terme!

1 commentaire:

Émy a dit...

Si seulement Austin avait une école similaire...