Robert Guay, Robert Beaudoin, JN, Francine Brodeur, Barbara Finch, Luc Delorme |
À la suite de
témoignages très positifs qu'on m'a récemment confiés, soit deux cas d'adoption
et un magnifique voyage, je vais commencer par ce dernier sur les bourlingueurs. J'ai
aidé un groupe de cinq personnes à préparer leur safari de 22 jours en Chine et
à leur retour, j'ai été submergé de bons commentaires et de remerciements. Ce
sujet me touche parce que j'ai été accompagnateur pour quatre voyages de groupes dans
le passé et voici une bonne façon de faire une mise au point.
Je suis
certain de ce que j'avance parce que j'ai bien cuisiné ces cinq amis à leur
retour afin de creuser le yin et le yang de leurs impressions. J'avais peur
que ces êtres sympathiques dorent la pilule uniquement par politesse, mais ce
n'est pas le cas. Ils écriront leur propre road
movie, mais voici ce que j'en sais. Je ne veux pas faire de pub pour un
voyagiste, mais la nouvelle agence en question le mérite et je n'hésiterai pas
à la recommander.
Cette
histoire remonte à la nuit des temps lorsque je faisais Science Po à
l'Université Laval. Je m'étais lié d'amitié avec un grand bonhomme aux yeux
pers nommé Robert Beaudoin. Nous avons beaucoup sympathisé et fait quelques
sorties ensemble, mais mes souvenirs de cet étudiant en relations industrielles
ne sont pas très précis. Même pas une anecdote drôle. Malheureusement, diplôme
en main, j'ai étudié en chinoiseries à l'Université McGill, puis je suis disparu
pour un autre deux ans à Hong Kong, donc nenni pour garder mes copains de Sainte-Foy.
Après 40
années de silence, le 18 décembre 2009, je reçois un bip-surprise me demandant
de contacter le grand Robert. «J'aimerais ça partir en Chine avec toi»,
m'annonce-t-il après les e-retrouvailles. Un bon soir qu'il était en train de
souper avec des amis, raconte-t-il, il a parlé de la Chine et à la mention de
mon nom, un de ses compères branchés m'a trouvé illico sur mon portail de
Communik-Asie. «C'est lui ton chum?» Robert Beaudoin (en basse vitesse dans son
magnifique repaire champêtre) s'est étouffé avec sa tarte aux pommes: «Ben oui,
c'est ben lui!»
La flèche du
temps venait de faire tilt! Fantastique de retrouver un vieux confrère Sciences
sociales! Ce n'est pas Confucius qui le dit. C'est bibi.
L'agence Transasie
Le topo du
départ devient vite très clair. Robert Beaudoin, sa blonde Barbara Finch, un
autre couple ainsi qu'un cinquième larron réservent à l'agence Transasie. Trois
semaines en novembre 2011. Je propose donc deux mesures concrètes. Primo, nous
renseigner sur l'agence du 1672 rue Lincoln. Secundo, une formation à la
Communik-Asie pour la Bande des cinq.
Connaissant
mieux les Vacances Sinorama, les Voyages Wonder et les Voyages Jade, je m'aventure
d'abord seul à la nouvelle agence située près de la rue Guy dans ce que
certains commencent à appeler le deuxième Quartier chinois de Montréal (non
loin de l'Université Concordia). Le contact est tout à fait kosher. Les quatre
employés parlent bien français et ont surtout un grand sens de l'humour. Ça
commence bien. «Ils sont très parlables», me suis-je empressé de rapporter à l'homme du lac paisible.
Le 12
septembre 2011, au nom du groupe, nous allons rencontrer Olivier WANG Huan (王欢) pour l'interroger sur plusieurs points. Très sympathique, le
francophone accepte même de luncher avec nous et nous parle de sa feuille de
route avant d'arriver à Montréal (deux ans plus tôt). Olivier a transité par le
Bénin et Clermont-Ferrand. J'admire chez cet natif de Hangzhou sa franchise et
son esprit critique lorsqu'il parle de la mentalité de ses compatriotes: ceux
des années '70 et ceux des années '80. Nous mangeons des plats pimentés dans l'authentique
restaurant Cuisine Szechuan (aussi très recommandable) ce qui constitue un
autre signal encourageant. Ce midi-là, j'invite l'acrobate Elizabeth Gaumond à
se joindre à nous étant donné qu'elle a besoin d'un visa pour un concours de
cirque à Shijiazhuang, ville du Hebei reliée à la mémoire du Dr Norman Bethune. (Olivier et Elisabeth sur la 2e photo)
Nous
commençons en juin 2011 les cours de préparation au mariage. Je veux leur donner la Chine 101 pour qu'ils
apprécient mieux leur aventure orientale. Nous nous réunissons à trois endroits
pour des demi-journées. C'est d'bord l'enchantement complet chez Robert
Beaudoin, dans la maison qu'il a habilement «bricolée» au fil des années au lac
Sir John, non loin de Lachute. Il donne le ton à nos rencontres: une longue
session sinologique, puis une vivifiante session gastronomique. Ma modeste
bière Tsingtao (qu'en penserait un des fils de Barbara?) produit un certain
effet, mais n'arrive pas à la cheville gauche du Château de la Lieu (que Robert
a personnellement visité en Provence). Sa tendre moitié, Barbara Finch, originaire
de la Colombie Britannique (impossible à deviner à cause de son excellent
français), est une grande sportive. Elle en fait son gagne-pain sur les pentes
de ski et les verts de golf.
Des élèves stimulants
Sino-passionné,
le défi de parler de la Chine m'excite! J'y vais à fond les ballons en
l'honneur de mon vieux pote du pavillon De Koninck. Se rendant bien compte de
mon excès de zèle, un moment donné, il me lance au téléphone: «Cou' donc,
t'attends-tu à être payé pour ça?» Ben non, ben non!
La Bande des
cinq est stimulante. Tous les clignotants sont au rouge! Francine Brodeur et
Robert Guay, l'autre couple (bien) reconstitué, deux ex-enseignants, ont un horaire troué comme du gruyère
parce qu'ils voyagent beaucoup. Une carte d'embarquement n’attend pas l'autre.
Je sympathise aussi avec ce Robert parce qu'il s'occupe activement de ses trois
petits enfants. Un point en commun. Inquisiteur de l'ailleurs, c'est le papy
qui pose le plus de questions pendant mes exposés. Le canard de Pékin. Le
dalaï-lama. Tout y passe. (Rien à comparer avec les étudiants d'éminents
professeurs de HEC et de Polytechnique qui semblent tout gober en classe sans jamais
lever un doigt dubitatif.)
Je n'y vais
donc pas avec le coude mou en leur assénant l'essentiel des trois philosophies et
des éléments concrets de la vie politique et économique. Les mots-clés du
mandarin comme xiexie. Quelques
photocopies de mes résumés synthèses. Robert Guay ne semble pas d'accord avec
mes vues sur le chef spirituel des Tibétains (celui que Rupert Murdoch qualifie
de «vieux moine politique se trimbalant en Gucci»), mais ça ne mène pas à
l'algarade. Barbara se procure très tôt le costaud Lonely Planet et je vois que la motivation du groupe dépasse les
sommets. Je suis même impressionné par la présence de Jules Painchaud qui
«descend» chaque fois de Québec pour nos formations-dégustations. Viscéralement
accro à l'internet, l'ex-commis d'État est discret, mais il creuse la matière à
sa façon avec des cartes et des interrogations sur la Révolution culturelle.
Autre
session, dans le fief bucolique de Barbara, nous trouvons là aussi une
magnifique datcha sise sur le bord d'un lac non loin de Saint-Sauveur. Je les
préviens de la réputation de «plus beau lac sur ce bas monde» que possède le
lac de l'Ouest à Hangzhou. Faut un sacré lac pour impressionner des Québécois!
Sur un autre plan d'eau, l'enthousiaste Barbara rivalise avec Robert et Robert pour
nous gâter avec ses plats fins. Un mélange gagnant! Malheureusement, rendus à
la table, ce n'est plus tellement le moment de parler de la Terre sainte de la
révolution maoïste. C'est ainsi, un jour, que je rate l'occasion de disserter
sur les cinq dernières dynasties de l'Empire céleste. Monsieur Guay m'avouera
plus tard que c'est «son point faible» dans le sens qu'il n'a pas parfaitement
bien pigé cette chronologie. Le même samedi soir, on ne peut pas bien digérer et
bien dynastier.
Dans l'espoir
de mieux les faire pénétrer dans la moelle chinoise, je leur prépare deux rendez-vous
à Pékin, mais ni l'une ni l'autre n'aura lieu. Zut! La première avec l'avocat
Pierre Saint-Louis en utilisant comme subterfuge la livraison (merci Barbara)
d'un Tintin à sa fille de 9 ans, Isabelle. Malheureusement, le coquin prend
l'avion pour le Shandong et il n'y aura pas de rencontre de la «Ligue du sirop
d'érable en Asie». Sacré Tintin! La rencontre avec le journaliste Éric Meyer
n'aura pas lieu non plus, mais Barbara contribuera généreusement à son projet
de livre sur le Tibet. Merci Tintin!
Le 10
novembre, je reçois une première infolettre du coeur même de l'Empire:
«Bonjour Jules,
Je suis présentement dans ma chambre d'hôtel à Hangzhou. Francine,
Barbara, Jules et Claude sont partis souper au resto. Ils en avaient marre des
repas style chinois. Ils se paient un petit repas américain, je crois. Nous
faisons un magnifique voyage. Tout se déroule très rondement et les guides sont
... très jolies et... intéressantes.
La Chine est encore plus que tout ce que j'avais pu imaginer... et on en
voit si peu.
Nous n'avons pas vu le soleil depuis notre arrivée, mais ce n'est pas
grave, car tout est si beau ici. Nous aimerions bien que tu sois avec nous pour
partager ce magnifique voyage. Nous essaierons de t'envoyer une ou deux photos
dès que nous le pourrons.
Mes coups de coeur à date: Xi'an, la Grande Muraille, la rivière Li et
sa région, les gens si sympathiques, les chants et toutes les activités du
peuple dans les parcs... et j'en passe. Je raffole.
Amitiés,
(signé) Robert (Guay)
P.S. Pourrais-tu essayer de demander à Transasie les coordonnées de
notre guide de Xi'an, Sandrine, et de me les faire parvenir bien
entendu ... j'ai vécu une belle aventure avec elle (ne pas fabuler
ici), que je prendrai plaisir à te raconter dès mon retour.
Je suis aux
petits oiseaux. Je transmets la bonne nouvelle au vieil ami Pierre Saint-Louis --
qui a bien dû prendre trois semaines avant de me confirmer que sa grande fille
avait bel et bien reçu le Tintin et le
Québec d'Yves Demers (que j'ai entre temps pu saluer en personne au Salon
du livre de la place Bonaventure). Toujours critique envers son pays d'adoption
où il survit depuis plus de 30 ans, mon camarade pékinois-montréalais réplique
par une boutade sur sa Chine gros rouge: «Si y sont si contents, c'est qui ont
rien vu.» Hahaha!
Le 9
décembre, je rapporte à Olivier Wang:
Hier, j'ai passé plusieurs heures avec mes amis du groupe de Robert
Beaudoin chez Robert Guay. C'était notre première rencontre après leur retour
de Chine. Tous ont été unanimes à me dire qu'ils ont fait un merveilleux voyage
avec Transasie. Grâce à mon expérience d'accompagnateur, je leur ai posé
plusieurs questions sur les hôtels, les repas, les guides, les transports, les
visites et l'organisation en général. Dans les détails et à chaque sujet, ils
m'ont exprimé leur vive satisfaction.
J'ai vu une petite partie de leurs photos et vidéos. Ils se souviennent
parfaitement bien de tous leurs guides dans les différentes villes. C'est bon
signe. Ils vont essayer de les remercier par courriel si possible. (Ils cherchent
encore l'adresse de Sandrine à Xian.)
Le seul commentaire concernant les choses à améliorer est celui-ci: trop
de choses à faire, à voir et à assimiler. Ils auraient aimé passer plus de
temps dans un ou l'autre des endroits pour approfondir, pour mieux sentir
l'odeur des choses. Par exemple, pour la magnifique maison de la famille Chen à
Canton, ils ont dû courir en fin d'après-midi pour entrer juste avant la
fermeture, une course folle, mais après coup, ils ont dit: ça valait vraiment
la peine... L'autre point, mais on n'y peut rien, c'est la pollution dans la
plupart des endroits. Pas la faute de Transasie!
Un gros point
d'interrogation soulevé très tôt par Jules: «Comment Transasie peut-il
organiser ce 22 jours pour seulement 3 300 $? (200 $ de pourboires en sus.) Est-ce
subventionné par le gouvernement chinois?» À notre dernière messe, dans le chic
Rosemère, j'enquête. Sans un poil de différence, toutes les explications
individuelles allaient dans le même sens. Ont-ils rogné sur la qualité des
hôtels? Impossible! «Toujours des 4 ou des 5 étoiles!» Les nourritures
terrestres de l'authentique général Tao? Non, «c'était délicieux» (et je sais
qu'ils s'y connaissent en bonne bouffetance). Bon, quoi encore? Les avions et
les trains? «Impeccables!» Puisqu'il n'y avait que des «guides locaux» ni de
«guide national» ni d'accompagnateur d'ici, c'est là que l'agence a coupé? Quand on m'énumère les noms des guides, c'est que le service a été complètement nickel: « Rosalie, Leah, Sandrine à Xian, le vénérable Georges immortalisé dans le
Routard, Léo à Beijing, Leah sur
la rivière Li, Chow Chi à Shanghai, Rosalie à Wuhan, George à Chongqing», m'a
précisé la fille des Rocheuses canadiennes. Il est donc possible d'aller au pays des litchis pour des
prunes!
Personne n'a été malade
Pour revenir
aux diverses agences, mes souvenirs des Voyages Jade (rue Clark) sont trop lointains
pour en donner une bonne appréciation. On me dit que Wonder Travel et Sinorama
se font une guerre de prix? Deux couples que j'ai amenés il y a trois ans à
cette dernière agence (maintenant installée dans d'immenses locaux spacieux du
nouvel édifice Swatow, rue Saint-Laurent) ont été très satisfaits du prix des
billets d'avion (sans excursions). Malheureusement, le coordonnateur qui m'a
demandé de partir comme accompagnateur nous a définitivement quittés il y a
quelques années. Gérard Cachat, né à Sfax (Tunisie) et diplômé de Bordeaux
était le gars le plus méticuleux qui existe pour préparer ces circuits. Uniquement
pour les pourboires, il me remettait une grille détaillée, histoire de ne pas
oublier le moindre bagagiste. Du travail d'artisan! Mes amis et voisins Judith
et Jean-Guy Legros ont ainsi voyagé l'esprit tranquille en 2001.
Transasie m'a
fait bonne impression dès le début. À la rencontre du 20 octobre, en l'absence
d'Olivier Wang, ce fut au tour d'Amanda Wang Meng
(王萌)de donner le dernier laïus. Cette jeune
chinoise de Nanjing, au français également admirable, m'a vite fait la preuve
que l'agence tient à offrir le meilleur service possible. Franche elle aussi,
elle n'a pas essayé de promettre mers et mondes dans un immense pays où la
perfection n'est pas monnaie courante.
Le «père
adoptif», comme la Bande des cinq m'a qualifié, a aussi apprécié le fait que
personne ne se soit blessé ni ait été malade. Même pas de petite grippe à la
suite de l'ascension de la glaciale Grande muraille ni de la traversée de la
vaste Cité interdite. Bref, tout du monde qui se
garde en grande forme. Je vois mal un compatriote
se fouler une cheville en clopinant sur la Grande muraille. Autre bon point, digne
de mention, dans la brigade d'une quinzaine de touristes, il n'y a pas eu un
seul «fatigant» qui a fait poil à gratter, genre retardataire incorrigible, magasineux
compulsif ou individualiste à tout crin. Dans un voyage de groupe avec des devis
de groupe, faut se fondre dans le groupe.
Je viens tout
juste de recevoir 1,3 milliard de photos sur CD. Je vais savourer ça à petites
gorgées en pensant aux trente villes que je connais. En attendant, en échange
de toute l'admiration que je leur ai transmise au sujet du superbe Musée de
Shanghai, j'ai reçu en cadeau un tout aussi superbe album illustré de ce haut
lieu de culture. Les «Trésors de la collection du Musée de Shanghai» en édition
de luxe me font saliver. Les bronzes, les jades, la calligraphie. J'ai reçu en
même temps une belle carte dessinée par une jeune élève chinoise d'ici, Yu
Ying, qui proclame: «la Chine est un beau pays». Quoi de plus touchant pour
accompagner les bons mots de mes cinq baroudeurs. Pendant que j'écris ces
lignes, Robert Beaudoin m'écrit d'un point chaud de la planète: « J'ai
maintenant un domicile aux USA avec une chambre d'invité...ça me ferait plaisir
de te ramasser à l'aéroport de Tampa.» On verra! comme dirait l'autre.
1 commentaire:
Cher Jules
Te lire c'est comme revivre notre voyage mais aussi nos rencontres... Des beaux souvenirs et je te remercie encore de me faire connaître La Chine à travers les yeux d'un passionné....
Barbara
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