mercredi, novembre 24, 2010

Boucar Diouf nous sert son Africassée-e. Vite! Tous à table!



Dans mon blogue spécialisé sur la culture chinoise, d'ici à ce que je présente des textes sur l'humour à l'orientale, en voici un qui mérite votre attention. Écrit à partir d'une expérience vécue pas piquée des vers:

Si vous voulez passer un bon moment à vous dilater la rate, je vous recommande d’aller passer une soirée en compagnie de Boucar Diouf. Le biologiste-humoriste-fantaisiste. Nous en avons fait l’expérience – cinq personnes – et nous vous en passons un papier : rigolade garantie!

Nous l’avons vu au Cabaret-Théâtre du Vieux-St-Jean, salle conviviale de l’ex-Centrale catholique, rue Laurier. Le genre de salle qu’aime cet artiste pour un contact plus étroit avec son public. Personnellement, j’avais choisi St-Jean-sur-Richelieu parce que c’est là que je suis né, et je voulais y amener le rédacteur en chef de LusoPresse et sa conjointe. Ce fut aussi l’occasion de retrouver Louise et Claude Bissonnette, mon ami de plus longue date, mon petit voisin sur la rue Notre-Dame, mon chef de patrouille scout. Bref, un échantillon varié de spectateurs. Nous avons pu prendre nos places à temps pour 20 heures grâce à l’amabilité et à la rapidité des gens du restaurant L’Imprévu -- quelques pas plus loin sur la rue Laurier.

Sagesse du grand-père

Comment définir l’homme et son humour? Il donne un spectacle unique puisant sur ses origines africaines profondes. Malgré son doctorat en biologie avec spécialité océanographie de l’Université du Québec, il garde en lui toute la sagesse de son père octogénaire et de son grand-père. Boucar Diouf, est le sixième d'une famille de neuf enfants : six garçons et trois filles. Une sagesse composée de tradition orale, de vérités terre à terre et de gros bon sens. Un Africain de l’Ouest fier de partager ses valeurs avec les gens de sa société d’accueil. Avec des messages simples et une logique paysanne à toute épreuve. «Mon grand-père disait…»

L’autre talent de Boucar Diouf c’est son incroyable sens de l’observation de la parlure québécoise, de la mentalité et des travers de cette société. L’homme de Dakar va chercher des expressions courantes qui nous sont tellement familières qu’on en ignore le côté drôle. Un virtuose de la langue. «Un jour que j’ai loué une chambre avec ma blonde dans un hôtel de bas de gamme à Montréal, l’employé nous a demandé si on louait la chambre… pour une secousse.» Le fou rire général!

L’autre qualité nous faisant aimer l’humoriste c’est sa grande simplicité. «Voici maintenant la conférence de presse», lance-t-il après le dernier applaudissement. Il s’assoit sur un tabouret et nous invite à l’interroger sur n’importe quel sujet. Lorsque les réponses sont moins hilarantes c’est parce qu’il plonge dans sa vie privée, ses convictions et des anecdotes personnelles. Encore plus intéressant! C’est là que le docteur en biologie nous confirme que son père, Amath Diouf, est cultivateur d’arachides et analphabète, et il nous dévoile un secret : «Il ne sait pas que je fais de l’humour sur scène!»

Prof à Rimouski

Les sketches de l’ex-prof. de Rimouski (pendant huit ans) relatent le vécu d’un jeune Africain désirant vite s’intégrer dans une société blanche peu habituée à l’interculturel. Boucar va jusqu’à se marier avec une fille du pays, nommément Caroline Roy. Du fruit de leur amour naît un petit galopin nommé Anthony. Caroline apparaît donc sur la scène pour chanter et jouer de la guitare. Heureux mélange! Et quoi de plus universel que des histoires de vie de couples?

L’humour ethnique peut facilement sombrer dans les clichés et la facilité. Rien de plus facile que de faire des blagues sur le dos des Portugais, des Italiens ou des Haïtiens. Rien de cela pendant le spectacle d’une heure et trois quarts. Vers 22 heures, nous sommes allés prendre le café filtre chez Louise et Claude. L’unanimité était faite parmi nous sur l’humour inoffensif de Boucar. Claude vend de l’assurance dans la communauté amérindienne. L’ex-enseignante a acheté le livre de Boucar intitulé Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait… Cet ouvrage, paru à l’automne 2007 aux éditions des Intouchables est resté plus de quinze semaines dans les palmarès de ventes. Il en prépare un autre pour mars 2011 qui traitera de la faune marine dans le Saint-Laurent.

Rappelons que, depuis deux ans, le Dakarois-Gaspésien coanime avec le dynamique Francis Reddy l’émission populaire Des kiwis et des hommes tous les matins à 8h30 (reprise à 23h00) à Radio-Canada. Si vous flânez tôt le matin au Marché Jean-Talon, vous les verrez interviewer à la camera leurs invités au milieu des marchands de carottes et de tomates. À l’image des deux animateurs, toute l’équipe -- de la recherchiste Nadine Curadeau jusqu’à la maquilleuse -- accueille les invités avec beaucoup de camaraderie. Tout en parlant de bonne cuisine de divers pays, cette émission arrive à aborder des sujets très sérieux.

Pas facile de rapporter par écrit les meilleures blagues de ce spectacle intitulé L’Africassé-e. Par exemple, il dénonce le pâté chinois comme un mets raciste: «le jaune au dessus, le blanc au milieu, le foncé au fond». Il donne généreusement la moitié de ses cachets d’artiste à une fondation: sa propre fondation pour assurer ses vieux jours. « Treize ans passés dans le Bas-du-Fleuve au Québec ont fait de moi un baobab recomposé. Entre mes racines africaines et mon feuillage québécois se dresse un tronc sénégalais.»

L’ami Boucar poursuit sa fructueuse tournée de spectacles à divers endroits avec un échéancier étalé jusqu’en 2013. Pour bien choisir votre soirée inoubliable, consultez sa page: www.boucardiouf.com

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