vendredi, novembre 26, 2010

Grande muraille visible de l'espace? NON!


Un astronaute canadien réfute de façon catégorique et détaillée une «légende urbaine»... longuement coulée dans le béton. IMPOSSIBLE de voir la Grande muraille à l'oeil nu du haut de l'espace! Le colonel Chris Hadfield qui a déjà participé à deux missions (1995 et 2001) et fut le premier Canadien à marcher dans l'espace vient de planter un clou dans la légende urbaine faisant croire que la Muraille de Chine est la seule construction humaine visible du haut de l'espace. L'astronaute qui commandera un station spatiale internationale en 2012 pour y rester 6 mois donne plusieurs détails contre la théorie chère à beaucoup de Chinois. Le mythe est tenace et a été repris par plusieurs auteurs.

Plusieurs raisons: étroite et camouflée

Selon Chris Hadfield en entrevue à la radio de CBC (novembre 2010), il y a plusieurs raisons. D'abord la Muraille (longue de 8-9 000 km, selon ses chiffres) n'a qu'une largeur maximum de 9 mètres et à des endroits pas plus de 5 mètres. Elle est construite avec des matériaux comme la brique, la boue et la terre pris à même les éléments locaux. La même couleur. Et ça suit le relief du terrain. Bref, c'est du vrai «camouflage». En fait, ce serait difficile de la voir du haut d'un avion. Encore moins à la hauteur de la capsule de 400 km. Très longue, mais trop étroite et mauvaise couleur! C'est comme s'ils ne voulaient pas qu'on voit leur monument antique.

Le scientifique canadien ajoute être allé comme touriste sur la muraille il y a quelques années. La guide lui répétait avec confiance qu'ils marchaient sur une des deux célèbres structures «visibles de la lune». Chris Hadfield lui a demandé quelle était l'autre. Réponse laconique: «Je ne sais pas!»

Faut un contraste pour voir

Le spécialiste de l'exploration spatiale explique les conditions pour qu'une structure ou autre chose soit visible. Il faut un contraste marqué de couleurs ou de forme comme le port de Toronto et celui de Vancouver où ça ressort clairement. En plus, le port de Tokyo. Les stades sportifs avec un toit brillant et un grand stationnement voisin.

Comme pour ajouter l'insulte à l'injure, Chris Hadfield donne des exemples autres de ce qu'il est possible de distinguer du haut du firmament. La transcanadienne à cause de son tracé droit qui coupe dans le paysage. Les endroits verts dont on a coupé la végétation pour installer des pylônes parce qu'il y a surface contrastée et différence de couleur. Les rayons du soleil y sont captés différemment.

Plus surprenant, le long sillage laissé dans l'eau par les navires est visible pour les même facteurs -- des reflets différents -- et permet de deviner la position du vaisseau (trop petit pour le voir à l'oeil nu). Les villes? À cause de la pollution, ce sont souvent de grandes taches, donc difficiles à observer à travers la couche ainsi produite. À moins que le vent dissipe tout ce qui les couvre et fasse apparaître l'«immense ruche humaine».

Enfin, pour revenir aux monuments historiques faisant l'orgueil des générations de descendants, l'honneur ne revient pas à la Chine mais à l'Égypte antique. Les pyramides ne sont pas visibles, mais au lever et au coucher du soleil, non loin du Caire, cause de la hauteur, les gens de l'espace en voient les «immenses ombres se profilant sur le sol comme de grands triangles». C'est extraordinaire de poser les yeux sur une construction datant de milliers d'années à partir d'une des merveilles de la plus récente technologie. «C'était pour moi un lien profond entre la passé et l'avenir», de conclure le militaire né en Ontario en 1959.

L'importance inouïe de sauver la «face» dans une dure prison de Thaïlande


Le concept de la «face» -- c'est-à-dire en donner, la sauver ou bien la perdre -- est profondément ancré en Asie. De son expérience personnelle, Roland Parisien m'a raconté des souvenirs de ses années d'incarcération en Thaïlande. J'ai fait appel à ce Montréalais parce que je connais bien l'histoire de ses sept ans et plus de séjour forcé au pays des Éléphants. Je lui ai rendu visite dans la prison de Bangkwang et je l'ai aidé par mes articles dans La Presse à retrouver la liberté à la fin des années 1980. Il en avait assez bavé dans ce pénitencier -- véritable trou pour exploiter les étrangers et leur fournir plus de drogue pour en tirer encore plus d'argent provenant de leurs familles.

Son anecdote la plus étonnante concerne les détenus condamnés à de lourdes sentences et même à la peine capitale qui affichaient ensuite au retour du tribunal la plus totale «indifférence, l'insouciance. Presque le sourire! Comme un p'tit coq! Ça m'dérange pas! La peine pouvait aller jusqu'à 25 ans. Pourtant, les damnés, surtout des Thaïs, affichaient de l'indifférence vis-à-vis des codétenus. Du moins le silence. Au risque de perdre la face. Mode de vie, éducation, tradition?»

Condamnés à mort mais souriants

«Les condamnés à mort étaient tous placés ensemble, environ 300 du temps que j'étais là, au building no. 1 à Bangkok. Y'avait trois murs à sauter. Ils m'avaient placé là, moi aussi, dans le pire endroit. De notre cellule en haut, le matin très tôt, on pouvait voir les individus qui étaient amenés pour l'exécution. Dans toutes les années que j'ai été là, c'est arrivé peut-être une seule fois qu'un gars a chigné un peu. La plupart du temps, ils venaient les chercher par deux ou par trois. Y marchaient la tête haute. Y'en a bien ici qui auraient pissé dans leur culotte. Chez nous, personne aime perdre la face, l'égo, l'orgueil mais on vient pas fous avec ça! Les Japonais, eux, (rire) c'est l'enfer», poursuit l'homme qui mène maintenant une vie rangée.


Le général à la peau foncée

«À Chiang Mai, dans le Nord, le nouveau directeur de prison avait la peau foncée parce qu'il était né dans le Sud de la Thaïlande. Ce général devait se montrer doublement compétent afin de se faire accepter. Il a donc resserré toutes les règles de sécurité de la prison. Tout était plus dur! Moi, Roland Parisien, dans ces circonstances, j'ai osé m'évader. Pis, écoute bien la shot. Après m'avoir capturé, ils ont organisé une conférence de presse. Lui, y me dé-tes-tait. Je venais de lui faire sérieusement perdre la face. Mais devant les hauts gradés du département de Correction, même s'il me haïssait à mort. y'a été obligé de me serrer la main avec un... franc sourire. Comprends-tu? Pour montrer qu'y avait pas perdu la face. De là vient l'expression rire jaune. Un sourire hypocrite!

Roland Parisien s'est basé sur son expérience avec des prisonniers de différentes cultures: des Thaïs et aussi des Chinois et des Japonais. Parmis ce dernier groupe, il a côtoyé de près un chef des yakuzas. Encore une bonne histoire à mettre sur un blogue. Ou dans un livre.

mercredi, novembre 24, 2010

Boucar Diouf nous sert son Africassée-e. Vite! Tous à table!



Dans mon blogue spécialisé sur la culture chinoise, d'ici à ce que je présente des textes sur l'humour à l'orientale, en voici un qui mérite votre attention. Écrit à partir d'une expérience vécue pas piquée des vers:

Si vous voulez passer un bon moment à vous dilater la rate, je vous recommande d’aller passer une soirée en compagnie de Boucar Diouf. Le biologiste-humoriste-fantaisiste. Nous en avons fait l’expérience – cinq personnes – et nous vous en passons un papier : rigolade garantie!

Nous l’avons vu au Cabaret-Théâtre du Vieux-St-Jean, salle conviviale de l’ex-Centrale catholique, rue Laurier. Le genre de salle qu’aime cet artiste pour un contact plus étroit avec son public. Personnellement, j’avais choisi St-Jean-sur-Richelieu parce que c’est là que je suis né, et je voulais y amener le rédacteur en chef de LusoPresse et sa conjointe. Ce fut aussi l’occasion de retrouver Louise et Claude Bissonnette, mon ami de plus longue date, mon petit voisin sur la rue Notre-Dame, mon chef de patrouille scout. Bref, un échantillon varié de spectateurs. Nous avons pu prendre nos places à temps pour 20 heures grâce à l’amabilité et à la rapidité des gens du restaurant L’Imprévu -- quelques pas plus loin sur la rue Laurier.

Sagesse du grand-père

Comment définir l’homme et son humour? Il donne un spectacle unique puisant sur ses origines africaines profondes. Malgré son doctorat en biologie avec spécialité océanographie de l’Université du Québec, il garde en lui toute la sagesse de son père octogénaire et de son grand-père. Boucar Diouf, est le sixième d'une famille de neuf enfants : six garçons et trois filles. Une sagesse composée de tradition orale, de vérités terre à terre et de gros bon sens. Un Africain de l’Ouest fier de partager ses valeurs avec les gens de sa société d’accueil. Avec des messages simples et une logique paysanne à toute épreuve. «Mon grand-père disait…»

L’autre talent de Boucar Diouf c’est son incroyable sens de l’observation de la parlure québécoise, de la mentalité et des travers de cette société. L’homme de Dakar va chercher des expressions courantes qui nous sont tellement familières qu’on en ignore le côté drôle. Un virtuose de la langue. «Un jour que j’ai loué une chambre avec ma blonde dans un hôtel de bas de gamme à Montréal, l’employé nous a demandé si on louait la chambre… pour une secousse.» Le fou rire général!

L’autre qualité nous faisant aimer l’humoriste c’est sa grande simplicité. «Voici maintenant la conférence de presse», lance-t-il après le dernier applaudissement. Il s’assoit sur un tabouret et nous invite à l’interroger sur n’importe quel sujet. Lorsque les réponses sont moins hilarantes c’est parce qu’il plonge dans sa vie privée, ses convictions et des anecdotes personnelles. Encore plus intéressant! C’est là que le docteur en biologie nous confirme que son père, Amath Diouf, est cultivateur d’arachides et analphabète, et il nous dévoile un secret : «Il ne sait pas que je fais de l’humour sur scène!»

Prof à Rimouski

Les sketches de l’ex-prof. de Rimouski (pendant huit ans) relatent le vécu d’un jeune Africain désirant vite s’intégrer dans une société blanche peu habituée à l’interculturel. Boucar va jusqu’à se marier avec une fille du pays, nommément Caroline Roy. Du fruit de leur amour naît un petit galopin nommé Anthony. Caroline apparaît donc sur la scène pour chanter et jouer de la guitare. Heureux mélange! Et quoi de plus universel que des histoires de vie de couples?

L’humour ethnique peut facilement sombrer dans les clichés et la facilité. Rien de plus facile que de faire des blagues sur le dos des Portugais, des Italiens ou des Haïtiens. Rien de cela pendant le spectacle d’une heure et trois quarts. Vers 22 heures, nous sommes allés prendre le café filtre chez Louise et Claude. L’unanimité était faite parmi nous sur l’humour inoffensif de Boucar. Claude vend de l’assurance dans la communauté amérindienne. L’ex-enseignante a acheté le livre de Boucar intitulé Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait… Cet ouvrage, paru à l’automne 2007 aux éditions des Intouchables est resté plus de quinze semaines dans les palmarès de ventes. Il en prépare un autre pour mars 2011 qui traitera de la faune marine dans le Saint-Laurent.

Rappelons que, depuis deux ans, le Dakarois-Gaspésien coanime avec le dynamique Francis Reddy l’émission populaire Des kiwis et des hommes tous les matins à 8h30 (reprise à 23h00) à Radio-Canada. Si vous flânez tôt le matin au Marché Jean-Talon, vous les verrez interviewer à la camera leurs invités au milieu des marchands de carottes et de tomates. À l’image des deux animateurs, toute l’équipe -- de la recherchiste Nadine Curadeau jusqu’à la maquilleuse -- accueille les invités avec beaucoup de camaraderie. Tout en parlant de bonne cuisine de divers pays, cette émission arrive à aborder des sujets très sérieux.

Pas facile de rapporter par écrit les meilleures blagues de ce spectacle intitulé L’Africassé-e. Par exemple, il dénonce le pâté chinois comme un mets raciste: «le jaune au dessus, le blanc au milieu, le foncé au fond». Il donne généreusement la moitié de ses cachets d’artiste à une fondation: sa propre fondation pour assurer ses vieux jours. « Treize ans passés dans le Bas-du-Fleuve au Québec ont fait de moi un baobab recomposé. Entre mes racines africaines et mon feuillage québécois se dresse un tronc sénégalais.»

L’ami Boucar poursuit sa fructueuse tournée de spectacles à divers endroits avec un échéancier étalé jusqu’en 2013. Pour bien choisir votre soirée inoubliable, consultez sa page: www.boucardiouf.com

samedi, novembre 20, 2010

La gastrononie chinoise bientôt à l'Unesco?




J'étais hier avec de joyeux amis dans un bon restaurant chinois de Montréal, le Mr. Ma de la place Ville-Marie. Un excellent canard avec crêpe ainsi que de tendres crevettes pour ouvrir l'appétit. Soupe aigre douce. Service à la fois cordial et sympathique. Ambiance feutrée.

Cette belle soirée me ramène à une belle nouvelle de la semaine. Honneur au repas gastronomique à la française, selon les experts de l'Unesco. C'est la première fois qu'une cuisine est inscrite au patrimoine de l'humanité. Catégorie «patrimoine immatériel.» Le gourmet français qu'on a souvent vu à TV5, Jean-Luc Petitrenaud commentait dans un topo: « C'est quand même le seul pays au monde où, tous les 10 km. vous pouvez vous arrêter et trouver des plats différents, des saveurs différentes, des traditions différentes, des croyances. Tout ça, ça s'appelle la CULTURE!»

J'applaudis à cette reconnaissance internationale. Vive nos ancêtres les Gaulois! Mais j'aimerais jeter un couac dans la mare de l'Unesco. Certes les Gardes rouges littéralement ont massacré la patrimoine matériel de leur pays pendant la Révolution culturelle, mais ils n'ont pas réussi à saccager la gastronomie. Comment se fait-il que la cuisine chinoise ne soit pas déjà inscrite à l'auguste liste de l'Unesco? Ignorance? Candidature jamais posée?

Cuisines française et chinoise n'ont absolument rien en commun, mais il suffit de voyager un tant soit peu dans le pays de Confucius pour apprécier l'art très raffiné de la table. Les spécialités régionales sont nombreuses dans ce pays presque aussi vaste que le Canada -- aussi doté de climats très différents. Si nos amis chinois se vantent souvent de leur 5 000 ans de culture, c'est vrai dans ce cas. Le canard de Pékin, le crabe de Shanghai et le cochon de lait à Canton, sans oublier les extravagances de Hong Kong. L'eau m'en vient à la bouche. Chefs chinois de tous les pays, unissez-vous! Faites-nous en profiter. Mettez-nous en plein la bouche.

jeudi, novembre 04, 2010

Grand bond en avant de la langue chinoise en France: déjà au cinquième rang


L'apprentissage de la langue chinoise fait un grand bond dans l'Hexagone. Ils étaient 2600 en 1985, puis 12 650 en 1995. En 2010, pas moins de 28 000 jeunes Français étudient cette langue dans les écoles. Parfois par «exotisme». Le chinois se classe bon cinquième après l'espagnol, l'anglais, l'allemand, l'italien et passe devant le russe, le portugais et l'arabe. Malgré un contingent de 400 enseignants, une pénurie de profs qualifiés se fait sentir. Qui parle mandarin/putonghua avec un assez bon accent pour en transmettre la bonne prononciation? De bonnes ouvertures pour des immigrants à la recherche d'un premier emploi -- aidant à leur intégration. Les Instituts Confucius vont contribuer à répandre cette langue tonale: 324 écoles dans le monde dont 27 en Afrique, indique France 2. «Plus je parle de langues, plus je me fais d'amis!». Personnellement, j'aimerais bien retrouver mon vieil ami Frédéric Plantier, un talentueux Lyonnais qui m'impressionnait par sa maîtrise du mandarin du temps que nous étions ensemble à Taipei. Qui le connaît? Merci d'avance.