lundi, septembre 05, 2011

Chinoise ambitieuse du Mozambique et du Portugal

Claudia Chin possède en elle la culture de quatre continents

«Les gens sont devenus trop dépendants des nouvelles technologies. Ils nous demandent souvent ici si on a des vidéos au sujet des artistes. Les médias sociaux ouvrent des portes, mais en ferment aussi. En art visuel, par exemple, y'a une différence tactile entre une photo et une peinture dont le matériau est en trois dimensions. Faut que les gens viennent dans cette galerie», explique avec conviction Claudia Chin en entrevue pour mon journal.

Il y a seulement trois mois que Claudia Chin a ouvert la Galerie d'art contemporain 3C. Le second vernissage a eu lieu le 9 août. Parmi les premiers artistes qu'elle a mis en valeur: le photographe lusophone Karl P. Duarte et l'artiste en arts visuels  Stewart Fletcher dans une exposition portant sur la représentation du corps féminin, «Formes sensuelles», soirée auquelle assistait LusoPresse.

Beira, Lisbonne et Montréal

Chinoise jusqu'au bout des doigts, Claudia Chin calligraphie aisément son nom avec un doigté d'artiste. Nom en pinyin: Zhen Jiali (甄架丽). Mais pourquoi un journal portugais s'intéresse à cette jeune fondatrice et propriétaire de galerie? Non seulement ses parents (présents au vernissage) parlent portugais, mais Claudia Chin l'écrit aussi. Pour la simple raison qu'ils sont nés à Beira, au Mozambique. Ils ont fait partie de la minorité des 2 000-3 000 Chinois dans ce pays. (Ce sont les grands-parents qui ont navigué vers l'Afrique au début du 20e siècle.) Heureux mélange interculturel pour ces citoyens du monde devenus montréalais en 1987 -- après dix ans passés à Lisbonne.

Claudia Chin est curieuse et ambitieuse. Laisser l'artiste créer, tandis que la galerie en fait la promotion et vend. «Je veux donner une voix et un espace aux artistes en qui je crois. Je veux organiser des événements de collectes de fonds pour des organismes comme la Fondation du coeur. Le cancer, les hôpitaux des enfants, bref en santé et en éducation. Aussi, créer des événements interdisciplinaires, faire dialoguer des gens: films, musique avec art, jazz.»

L'influence de Lisbonne

Comment a germé l'idée de cette galerie? De la ville portuaire de Beira, la famille (avec son frère maintenant en Colombie-Britannique) est passée dans la capitale portugaise en 1977 lorsqu'elle avait trois ans. «J'ai grandi dans le concelho de Loures à Lisbonne, dans un vieux pays. J'ai toujours été exposée aux sculptures, aux musées, à l'art dans les lieux publics. Les statues en pierre et en métal. Très différent de Montréal.» Mais le déclic pour une galerie s'est fait à partir de ses discussions avec Stewart Fletcher et un autre artiste, G. Scott MacLeod.

Refusant de se laisser écraser par la routine, Claudia Chin a quitté un emploi à temps plein en 2008 et est devenue conseillère pour des artistes. «J'ai remarqué que chaque cinq ans, j'avais besoin d'un changement d'environnement.» Ce sont finalement ses amis qui l'ont dirigée vers cette nouvelle aventure. En particulier, Stewart Fletcher qui occupe un atelier dans le même bâtiment du 9150 de la rue Meilleur (près Chabanel). «Il m'a proposé de venir ici.» Voici comment elle a eu le courage d'occuper le local bien illuminé aux murs pâles. Un loyer raisonnable dans le «quartier de la guénille» qui s'ouvre sur le monde de l'art, selon elle.

Le soir du vernissage, les représentants de LusoPresse ont trouvé chez les parents de Claudia d'aimables gens vifs d'esprit maîtrisant très bien la langue de Camões.  Claudia avoue ne pas être branchée sur la communauté portugaise de Montréal. Pas sur la communauté chinoise non plus (bien qu'elle parle cantonais avec sa parents). Pour ne pas réinventer la roue, voilà deux réseaux à intégrer, lui a t-on conseillé. Le baccalauréat en vente et en marketing de l'Université Concordia quelle possède sera un atout très précieux pour rentabiliser ses opérations de dialogue et aider les artistes à réussir. 

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